14 décembre 2018
Notre premier ministre promet de faire de l’éducation sa grande priorité, mais est-ce vraiment le cas?
François Legault promet de faire de l’éducation sa grande priorité, mais est-ce vraiment le cas?
Alors que les coupes budgétaires des dernières années ont fait souffrir notre système public d’éducation, le nouveau premier ministre privera les commissions scolaires de 700 millions de dollars de revenus en baissant les taxes scolaires. Est-ce ainsi qu’il pense qu’elles disposeront de la marge de manœuvre budgétaire nécessaire pour remettre l’école québécoise sur les rails?
Est-ce que le gouvernement va compenser ce manque à gagner par le biais de la subvention d’équilibre et celle pour la perte de revenus? Rien n’est encore certain.
Des commissions scolaires nécessaires
Il ne faut pas oublier qu’à elle seule, la taxe scolaire représente 17,8% des revenus des commissions scolaires. Ces sommes sont essentielles pour assurer les services aux élèves, la rémunération du personnel de soutien administratif et manuel, et bien d’autres dépenses.
Si le premier ministre veut jouer au père Noël et distribuer des cadeaux, qu’il en assume lui-même le coût. Surtout que François Legault justifie l’imposition d’un taux unique de taxe scolaire en disant vouloir ainsi corriger une injustice. Il ne faudrait donc surtout pas qu’il corrige une injustice en en créant une autre encore plus grave.
Les commissions scolaires accomplissent des tâches très importantes. On y fait la répartition des services, mais on en centralise d’autres pour éviter que ces tâches se retrouvent directement dans les milieux scolaires (écoles préscolaires, primaires, secondaires, de l’éducation des adultes, etc.). Nous avons déjà des super secrétaires d’école qui accueillent tous les gens qui entrent dans l’établissement, qui s’occupent des appels, qui voient au remplacement des enseignants absents, qui s’occupent de la gestion des dossiers, des budgets et de la comptabilité de l’école, en plus de répondre aux besoins des élèves, des enseignants, des professionnels, des parents et de la direction.
Elles jouent un rôle essentiel et elles ont besoin de l’aide de la commission scolaire pour la gestion de la paie, pour la vérification du budget et pour répondre à toutes ces questions. La secrétaire d’école est au centre de toutes ces interactions. Lorsque le premier ministre indique qu’il veut «redonner» des pouvoirs aux écoles, il y en a déjà beaucoup. La décentralisation s’opère depuis longtemps dans le milieu scolaire.
Les «limites» de l’école
C’est bien beau de vouloir «redonner» des pouvoirs aux écoles, mais les plus petites écoles ont rarement les budgets nécessaires pour offrir des services de technicienne en éducation spécialisée et d’orthopédagogue, car les sommes qu’elles reçoivent sont en lien direct avec le nombre d’élèves. Pas beaucoup d’enfants, pas beaucoup d’heures disponibles pour des services complémentaires. Les commissions scolaires compensent ces injustices en leur octroyant davantage d’heures que ce à quoi elles auraient normalement droit.
Autre sujet d’inquiétude dans le discours de François Legault: pas une seule fois, il n’a fait mention du personnel de soutien scolaire. Il parle des enseignants et des professionnels, mais il fait fi de notre présence. Pourtant, nous sommes 80 918 membres du personnel de soutien qui travaillons dans les commissions scolaires et représentons 39% de l’ensemble du personnel. L’éducation, c’est aussi NOUS!
Un personnel qui veut être entendu
En se voulant rassurant, le premier ministre a réussi à nous inquiéter. Avant de changer les façons de faire, il me semble qu’il serait normal que nous aussi, le personnel de soutien scolaire, soyons consultés.
Éric Pronovost, président FPSS-CSQ