L’augmentation du coût de la vie des plus pauvres est sous-estimée

17 juin 2020

Étude de l’IRIS sur l’inégalité face à l’inflation

Ayant à cœur le bien-être professionnel et financier de ses membres, la Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSS-CSQ) a donné à l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS) le mandat de mesurer l’impact de l’inflation sur les plus bas salariés, desquels font partie la majorité de ses 30 000 membres.

« On le dit depuis longtemps. L’impact de l’inflation est nettement plus important pour nos membres qui consacrent une plus grande part de leur budget aux besoins de base. Il était temps de mesurer cet impact pour le Québec, car il est largement étudié ailleurs dans le monde. C’est ce qu’on a fait avec cette étude. Cependant, je l’avoue, les résultats sont nettement plus inquiétants que je croyais qu’ils le seraient. » explique Éric Pronovost, président de la FPSS-CSQ.

En effet, les résultats de cette étude réalisée à l’aide de données spéciales de Statistique Canada, démontrent que les foyers de deux personnes ou plus ayant un revenu annuel total situé entre 0 $ et 70 000 $, ont subi entre 1999 et 2019 une augmentation des prix de leur panier de consommation de plus de 30%. Les foyers composés de deux personnes ou plus ayant chacun un salaire excédant les 110 000 $ subissent, pour leur part, une hausse des prix de 24%.

« On parle ici d’une différence de 6% de plus pour les foyers à faibles revenus. Ou une augmentation de 1 fois et quart plus importante. Dans quel monde est-ce normal que ça coûte de plus en plus cher aux moins nantis de subvenir à leurs besoins de base ? » se désole monsieur Pronovost.

Des répercussions concrètes
Afin d’illustrer concrètement ce que révèle l’étude, comparons l’impact de cette différence d’inflation sur le salaire d’un concierge de classe II qui gagne près de 38 000 $ annuellement, à celui d’un directeur général de Centre de service (anciennement les commissions scolaires) qui gagne au-delà de 150 000 $ par année.

Si on ajuste chacun des salaires au taux d’inflation général moyen, au lieu de protéger le pouvoir d’achat réel de chacun, on agrandit l’inégalité. En effet, comme la hausse du prix du panier de consommation des ménages les plus pauvres est plus forte que celle des ménages riches, il faudrait accorder un ajustement plus important aux premiers. L’IRIS démontre dans son étude que sur une période de 20 ans, cette sous-évaluation de l’inflation masque un écart de revenu supplémentaire de plus de 3 000$.

Des solutions possibles!
Au-delà de ces constats alarmants, l’étude de l’IRIS souligne l’utilité d’une mesure de l’augmentation du coût de la vie qui est différenciée selon les niveaux de revenu. Cette-ci permet d’ajuster variables économiques et sociales (salaires, programmes sociaux et crédits d’impôts) en tenant compte d’une réelle protection du pouvoir d’achat pour les différentes familles.

C’est d’ailleurs pourquoi la FPSS-CSQ a proposé au gouvernement, lors du dépôt des demandes syndicales de la négociation 2020, que les augmentations salariales du personnel de soutien scolaire, salariés à faible revenus, soient en dollars plutôt qu’en pourcentage.

« Même si nos salaires et prestations augmentent, leur rythme de croissance est insuffisant pour dépasser celui de l’augmentation des prix de différents produits. Pour compenser une croissance du coût de la vie plus importante, des augmentations de salaires en dollars, permet d’avoir un correctif plus important pour nos membres. En haussant les salaires en dollars, l’augmentation a plus d’impact pour nos membres. » explique monsieur Pronovost.

C’est pourquoi Éric Pronovost réitère au gouvernement l’importance d’augmenter le salaire de ses membres en dollars par heure. Car, rappelons-le, le personnel de soutien scolaire fait partie de la solution!

Pour lire l’étude de l’IRIS